L’initiative du Président Félix Tshisekedi visant à réviser ou changer la Constitution de la République Démocratique du Congo suscite une vive opposition dans l’ex-Katanga. Face à ce projet controversé, un bloc uni de l’opposition se mobilise pour organiser une résistance active dans cette région clé du pays.
Un front d’opposition inédit
De Lubumbashi à Kolwezi, des figures de proue de plusieurs partis politiques de l’opposition se sont alliées pour rejeter catégoriquement toute tentative de modification de la Constitution. Parmi les formations politiques impliquées figurent le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, leadership et gouvernance pour le développement (LGD) de Matata Ponyo et Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé) de Martin Fayulu.
À Lubumbashi, une rencontre stratégique s’est tenue au siège du PPRD, principal parti du FCC le samedi 30 novembre 2024, réunissant les délégués de ces différents partis. Un rassemblement similaire a eu lieu à Kolwezi, au siège d’Ensemble pour la République. Ces réunions ont donné lieu à des déclarations communes affirmant leur opposition ferme au projet présidentiel.
Une déclaration forte
Au terme d’un rassemblement à Lubumbashi, le Professeur Pablo Ngwej, porte-parole du bloc de l’opposition, a lu une déclaration dénonçant le projet de révision constitutionnelle. Il a qualifié cette initiative de « tentative de domination, de prédation et de pillage des ressources minières du Katanga ».
Voici les points saillants de la déclaration :
Primo: Opposition unanime au projet de révision. Le bloc rejette fermement toute tentative de modification ou de révision de la Constitution, perçue comme une menace pour les intérêts des Katangais.
Secundo: Création d’un front provincial contre la révision constitutionnelle. L’opposition s’organise pour contrer ce projet sur l’ensemble de l’ex-Katanga.
Tertio: Soutien au front politique national. Le bloc provincial soutient pleinement la déclaration faite le 20 novembre 2024 au centre interdiocésain de Kinshasa, où l’opposition nationale avait déjà affiché son rejet de ce projet.
Quarto: Critiques sur la gouvernance. Les opposants accusent Félix Tshisekedi de ne pas protéger les Katangais face aux violences et aux massacres survenus dans des localités comme Pweto, Kilwa, Fungurume ou Kasumbalesa.
Quinto: Dénonciation de la corruption et des détournements : Le bloc estime que la souffrance du peuple Katangais est due à la corruption et aux détournements, qu’ils jugent institutionnalisés, et non du fait de la Constitution actuelle.
Un contexte sensible pour Tshisekedi
Le projet de révision constitutionnelle intervient dans un contexte politique tendu, alors que le Président Tshisekedi cherche à consolider son pouvoir. Toutefois, dans l’ex-Katanga, cette initiative est perçue comme une tentative d’imposer une domination sur la région, riche en ressources minières stratégiques.
Les opposants dénoncent également l’approche de changer la constitution avec pour effet la nomination de gouverneurs non originaires, chose qui est considérée comme une aliénation des Katangais.
Vers un bras de fer à venir
La mobilisation en cours dans l’ex-Katanga témoigne de la profondeur du mécontentement face à ce projet. Avec l’union des grandes figures de l’opposition et le soutien populaire croissant, la région pourrait devenir le théâtre d’un bras de fer politique majeur dans les mois à venir.
Alors que Félix Tshisekedi s’efforce de justifier la nécessité de cette réforme, il devra faire face à une opposition farouche, prête à défendre les intérêts de cette région stratégique. Les semaines à venir s’annoncent décisives pour l’avenir politique du pays.
Junior Ngandu