En République démocratique du Congo (RDC), le débat autour de la révision constitutionnelle prend une tournure de plus en plus électrique. Invité de France 24 le 3 décembre 2024, Martin Fayulu, figure de l’opposition, a vivement critiqué ce projet porté par le président Félix Tshisekedi. Selon lui, il s’agit d’une initiative « démagogique et inopportune », visant à prolonger artificiellement le mandat du chef de l’État.
Pour Martin Fayulu, cette tentative de révision constitutionnelle n’a rien d’innocent. Il y voit une stratégie claire de Félix Tshisekedi pour consolider son pouvoir, au détriment des intérêts des Congolais.
« La Constitution permet des révisions, mais Tshisekedi ne veut pas la réviser. Il veut la changer entièrement pour rester au pouvoir. Pendant ce temps, l’Est du pays est sous occupation. C’est une manœuvre pour protéger ses privilèges personnels », a-t-il déclaré avec force.
Ces propos interviennent alors même que Félix Tshisekedi, en visite récemment à Kalemie et Isiro, avait affirmé qu’il ne briguerait pas de troisième mandat. Une déclaration qui n’a pas convaincu son adversaire, connu pour son style incisif.
Fidèle à sa rhétorique sans concession, Martin Fayulu a attaqué directement la personnalité et les compétences du président en exercice : « Les Congolais eux-mêmes disent sur les réseaux sociaux que Tshisekedi aurait dû être gardien de but, pas président. C’est une fonction qui exige des compétences qu’il n’a manifestement pas », a-t-il ironisé.
Pour l’opposant Martin Fayulu, ce débat constitutionnel arrive à contretemps, détournant l’attention des véritables urgences du pays, notamment la crise sécuritaire dans l’Est.
« Comment peut-on parler de Constitution alors que plus de 120 localités sont sous occupation rwandaise ? », s’est-il interrogé, accusant Félix Tshisekedi de connivence avec le président rwandais Paul Kagame.
L’opposant n’a pas mâché ses mots, qualifiant même Félix Tshisekedi de « traître à la nation».
« Depuis qu’il est au pouvoir, il divise les Congolais, laisse l’Est à Kagame, et utilise les fonds publics pour ses propres intérêts. Ce n’est pas un patriote, c’est un incompétent », a-t-il martelé.
Une opposition qui promet de se mobiliser
Face à ce qu’il qualifie de « coup d’État constitutionnel », Martin Fayulu a annoncé une série de manifestations à travers le pays pour mobiliser la population contre ce projet. À l’en croire, les Congolais rejettent massivement cette révision.
Du côté du pouvoir, ce projet est présenté comme une opportunité de réformer la gouvernance et de répondre aux attentes des Congolais. À L’UPDS principal parti du régime, une série de consultations est annoncée avec les fédérations du parti mi-décembre pour sensibiliser les citoyens sur les avantages d’une révision de loi fondamentale.
Ce débat sur la révision ou le changement de la constitution, promet d’être un sujet central dans les mois à venir, dans un climat politique déjà marqué par de fortes tensions.