À l’occasion de la 11ᵉ session de la Conférence des gouverneurs, dont le go des travaux a été donné ce mercredi 27 novembre 2024 à Kalemie, dans la province du Tanganyika, les 26 Chefs des exécutifs provinciaux ont exprimé leur soutien unanime à l’initiative du Président Félix Tshisekedi visant à modifier la Constitution congolaise. Cette position a été portée par Fifi Masuka, Gouverneure du Lualaba, dans une déclaration officielle, appelant également la population à adhérer à cette démarche.
Un soutien unanime des provinces
Réunis sous le thème « Renforcer la gouvernance des provinces pour assurer la cohésion communautaire », les gouverneurs ont estimé que la Constitution actuelle, adoptée en 2006, présente des lacunes qui freinent le développement de la République démocratique du Congo. Fifi Masuka a exprimé cette position en ces termes :
« Le collectif des gouverneurs soutient à l’unanimité cette démarche, car cette Constitution comporte beaucoup de faiblesses. Nous invitons également la population à soutenir ce changement sans faille. »
Ce soutien des gouverneurs intervient dans un contexte où le débat sur la modification de la Constitution divise fortement la classe politique et la société civile. Tandis que l’opposition redoute un éventuel prolongement du mandat présidentiel, la majorité considère cette réforme comme essentielle pour améliorer la gouvernance du pays.
Les arguments avancés pour la réforme
Lors de ses récentes interventions publiques, le Président Tshisekedi a souligné que cette réforme vise à adapter la Constitution aux réalités actuelles et à renforcer la légitimité des institutions. À Kalemie, les gouverneurs ont abondé dans ce sens, estimant que des ajustements sont nécessaires pour assurer une gouvernance plus efficace.
Par ailleurs, certains gouverneurs ont évoqué la nécessité de clarifier certaines dispositions constitutionnelles, notamment en ce qui concerne la répartition des compétences entre le gouvernement central et les provinces, afin d’améliorer la gestion territoriale.
Un débat polarisé au sein de la classe politique
Le projet de modification de la Constitution suscite une vive controverse. L’opposition accuse le Président Tshisekedi de vouloir utiliser cette réforme pour briguer un troisième mandat, ce que le Chef de l’État a démenti lors d’un discours à Lubumbashi. Il a affirmé ne pas vouloir s’éterniser au pouvoir, tout en laissant entendre que la population doit pouvoir réfléchir librement sur les ajustements à apporter à la Constitution.
« Je vous fais confiance parce que je sais que vous êtes un peuple mûr. Vous savez ce qui est bien pour vous. On ne peut pas vous empêcher de réfléchir sur votre Constitution et de prendre la décision qu’il faut », avait argué Felix Tshisekedi.
Face à ces divergences, l’opposition prévoit d’organiser des marches populaires pour contester ce projet, tandis que la majorité entend ouvrir des discussions pour définir les modalités de cette réforme.
Quel avenir pour la réforme constitutionnelle ?
La déclaration de soutien des gouverneurs donne un élan politique majeur à cette initiative, mais elle soulève également des interrogations sur sa mise en œuvre. Au parlement, où la question n’a pas encore été officiellement débattue, le consensus reste à construire.
Pour les partisans de la réforme, il s’agit d’une opportunité de renforcer les institutions et d’ouvrir une nouvelle ère de gouvernance. Pour ses opposants, c’est une menace pour l’équilibre démocratique.
La Conférence des gouverneurs, qui se poursuit à Kalemie, pourrait jeter les bases d’un dialogue national sur cette question, dans un pays où les enjeux constitutionnels ont toujours été au cœur des grandes transitions politiques.
Avec l’appui des gouverneurs, le projet de changement de la Constitution prend une nouvelle dimension. Cependant, la réussite de cette réforme dépendra de la capacité des acteurs politiques et sociaux à engager un débat inclusif, dépassant les clivages partisans. Dans un pays en quête de stabilité, chaque décision devra être guidée par l’intérêt général et le respect des aspirations du peuple.
Saibe Kabila