La République Démocratique du Congo (RDC) a annoncé, lors du Conseil des ministres du 27 décembre 2024, que son procès contre le Rwanda devant la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples s’ouvrira officiellement le 12 février 2025 à Arusha, en Tanzanie. Ce procès marque une étape cruciale dans la quête de justice pour les violations des droits humains et les atteintes à la souveraineté congolaise dans l’Est du pays.
En effet, depuis plusieurs années, la RDC accuse le Rwanda de soutenir activement les terroristes du M23, responsables de massacres, de déplacements massifs de populations et de violations des droits humains dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Ces accusations ont été confirmées par des rapports d’experts des Nations Unies, établissant la présence de soldats rwandais aux côtés des rebelles sur le territoire congolais.
La capture récente d’un soldat rwandais, Hakizimana Jean de Dieu, combattant avec le M23, a encore renforcé les preuves de l’implication directe du Rwanda dans cette déstabilisation. Cette situation a exacerbé les tensions diplomatiques entre les deux pays, malgré les efforts de médiation régionaux, notamment dans le cadre du processus de Luanda.
Une bataille judiciaire pour la souveraineté
La RDC a saisi la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples pour dénoncer les violations massives des droits humains, notamment des exécutions sommaires, des viols, des pillages et des destructions d’infrastructures. La plainte met également en lumière des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés par les forces soutenues par le Rwanda.
Le gouvernement congolais entend utiliser cette plateforme judiciaire pour exiger :
Une reconnaissance formelle des responsabilités du Rwanda dans la crise ;
Des réparations pour les victimes des atrocités commises dans l’Est du pays ;
Des sanctions internationales contre Kigali pour son rôle dans la déstabilisation de la RDC.
Le Président Félix Tshisekedi a réaffirmé, lors du Conseil des ministres, sa détermination à défendre la souveraineté nationale et à obtenir justice pour les millions de Congolais affectés par ces violences. Il a rappelé que ce procès est non seulement une démarche juridique, mais aussi un signal fort en faveur de la responsabilité des États face aux violations des droits fondamentaux.
Le Ministre d’état, Ministre de la justice et garde des sceaux, Constant Mutamba, a souligné l’importance de cette action judiciaire pour établir un précédent historique en Afrique et renforcer le respect des normes internationales. Il a également appelé la communauté internationale à soutenir cette initiative pour mettre fin à l’impunité dans la région des Grands Lacs.
Ce procès représente une opportunité pour la RDC de faire entendre sa voix et d’obtenir justice pour les millions de victimes des violences dans l’Est. Il symbolise également un test pour le système judiciaire africain, appelé à démontrer sa capacité à sanctionner les violations graves des droits humains et à renforcer l’état de droit sur le continent.
La Rédaction