La société minière Alphamin, opérant l’un des plus importants gisements d’étain au monde à Bisié, dans le territoire de Walikale (Nord-Kivu), a annoncé la suspension immédiate de ses activités. Cette décision fait suite à l’avancée des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, dans la région.
Une mine stratégique menacée
Les gisements de Bisié, riches en étain, sont classés troisièmes au monde en termes de teneur du minerai, selon des experts cités par RFI. Rien qu’en 2024, Alphamin a exporté près de 17 000 tonnes d’étain, représentant environ 6% de la production mondiale.
Dans un communiqué, la société justifie la suspension des activités par l’impossibilité d’assurer la sécurité de son personnel face à la menace croissante du M23. « La sécurité de nos employés est notre priorité absolue. Tant que nous ne pouvons la garantir, nous ne pouvons poursuivre nos opérations », a déclaré Maritz Smith, PDG d’Alphamin.
Un impact économique majeur
Au-delà de son rôle sur le marché international, Alphamin constitue un pilier économique local. L’entreprise emploie environ 1 000 personnes et contribue à hauteur de 1 million de dollars par mois en taxes, impôts et redevances minières versées à l’État congolais. Elle soutient également les petits commerçants locaux et finance l’entretien des infrastructures routières, notamment la route Lubutu-Kisangani-Beni-Kasindi, essentielle au commerce dans la région.
L’annonce de la suspension des opérations de Bisié a déjà eu des répercussions sur le marché mondial de l’étain. Selon RFI, le prix du métal a bondi de 10%, un choc amplifié par le blocage simultané d’une autre grande mine d’étain en Birmanie, qui approvisionne massivement la Chine.
La fermeture de la mine de Bisié soulève des inquiétudes quant à l’avenir de l’approvisionnement en étain et met en lumière les conséquences géopolitiques et économiques de l’instabilité sécuritaire persistante dans l’Est de la RDC.
Saïbe Kabila