Le projet du Corridor de Lobito, qui reliera le port angolais aux régions minières de la RDC et de la Zambie, suscite des inquiétudes. Dans un communiqué de presse rendu public ce mardi 3 décembre 2024 et portant la signature de Maître Timothée Mbuya, Président de Justicia ASBL, cette organisation de défense des droits humains, a dénoncé le manque de transparence et l’absence de considération pour les besoins des populations locales.
Alors que le Président des États-Unis Joe Biden effectue une visite en Angola avec des discussions notamment autour du projet de corridor de Lobito, Justicia ASBL a relevé que plusieurs préoccupations se posent quant à sa mise en œuvre, notamment le manque d’implication des populations locales et la posture passive du gouvernement congolais dans les négociations.
Ce projet bénéficie d’importants financements de la part des États-Unis et de l’Union Européenne, dans le cadre de la transition énergétique mondiale et de la quête de minerais critiques.
Une opportunité stratégique avec des enjeux locaux ignorés
Alors que ce corridor vise à stimuler le transport rapide et fiable des minerais essentiels, Justicia ASBL constate avec inquiétude que les discussions avancent plus rapidement en Angola et en Zambie qu’en RDC, pourtant un acteur central du projet.
Aussi, la deuxième phase, prévoyant une ligne ferroviaire de 800 km reliant la frontière congolaise à Kolwezi, est menée sans consultation des populations locales, ignorées dans les débats concernant leurs besoins en développement. Ce manque de transparence constitue une entrave aux principes de justice sociale et de durabilité.
JUSTICIA Asbl alerte sur plusieurs risques liés au Corridor de Lobito :
• Surexploitation des minerais critiques : Les ressources minières congolaises risquent d’être exploitées sans générer de valeur ajoutée locale.
• Impact sur l’agriculture locale : L’accès direct au port de Lobito pourrait encourager des importations massives de produits agricoles subventionnés, mettant en péril l’agriculture nationale.
• Manque d’intégration nationale : Les priorités semblent se concentrer sur l’exportation des minerais, au détriment des infrastructures nationales capables de stimuler la mobilité des populations et l’économie locale.
Recommandations de Justicia ASBL
Face aux inquiétudes manifestées, Justicia ASBL a formulé quelques recommandations aux parties prenantes. Il s’agit de :
Au Gouvernement américain et à l’Union Européenne : Veiller à une inclusion effective des populations locales dans le projet, tout en priorisant leurs besoins et aspirations.
Au Gouvernement congolais : Publier toutes les informations relatives au Corridor de Lobito, pour garantir la transparence et permettre une participation citoyenne active.
Aux partenaires économiques : Investir dans des corridors intégrant les provinces congolaises pour stimuler le commerce, la mobilité et un développement réellement inclusif.
Justicia ASBL insiste sur l’importance d’un équilibre entre le développement économique et les droits fondamentaux des communautés concernées. La course aux minerais pour répondre à la transition énergétique ne doit pas se faire au détriment des aspirations des populations locales.