Le président congolais a entamé une visite stratégique à Lubumbashi, où il mêle annonces d’infrastructures, symboles de pouvoir et démonstration de proximité dans une province clé pour l’économie du pays.
Par la rédaction
C’est un déplacement qui n’a rien d’anodin. Le 17 avril, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a posé le pied à Lubumbashi, capitale économique de la République démocratique du Congo (RDC), pour une mission d’itinérance aux accents économiques et politiques bien marqués. Accompagné d’une délégation étoffée et accueilli par le gouverneur Jacques Kyabula Katwe, le chef de l’État entend afficher son ancrage dans le Haut-Katanga, province stratégique où les intérêts miniers, industriels et électoraux se croisent.
Un nouvel aéroport pour un nouveau départ ?
Première étape de ce séjour : la pose de la première pierre du futur aéroport international de Luano. Le projet, ambitieux, promet un complexe moderne conforme aux standards internationaux, avec parkings, pistes rallongées et halls rénovés. Objectif affiché : positionner Lubumbashi comme un hub aérien majeur en Afrique centrale. Une manière pour Tshisekedi de faire oublier les lenteurs des grands travaux initiés sous ses prédécesseurs, et de rappeler que l’État reste le maître d’œuvre du développement.
Un hôpital au nom du président
Autre moment fort : l’inauguration du désormais Centre hospitalier Félix Antoine Tshisekedi, ex-Hôpital du Cinéma. L’établissement, finalisé par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), avait été lancé sous Joseph Kabila. Sa renaissance sous l’actuelle présidence illustre une stratégie de « récupération » des projets dormants, tout en soignant l’image du pouvoir. Doté d’équipements modernes, le centre hospitalier ambitionne de réduire les évacuations médicales vers l’étranger. Une promesse souvent entendue, rarement tenue.
Une vitrine économique : l’Expo Béton
À Lubumbashi, le président a également assisté à l’ouverture de la 9e édition d’Expo Béton, salon dédié à la construction et aux infrastructures. L’événement, devenu un rendez-vous incontournable pour les entrepreneurs et promoteurs publics, a permis au président d’affirmer son soutien à l’initiative privée, dans une ville où les grands chantiers peinent parfois à se concrétiser. L’occasion aussi de rencontrer les opérateurs économiques dans un climat d’attentes fortes sur l’amélioration du climat des affaires.
Un Conseil des ministres en terres katangaises
Fait notable : la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres se tient ce vendredi 18 Avril 2025 exceptionnellement à Lubumbashi, en présence de la Première ministre Judith Suminwa. Un symbole fort pour marquer la décentralisation du pouvoir exécutif. Mais au-delà du geste politique, les annonces concrètes issues de ce conseil restent attendues. En toile de fond, une volonté de rassurer les populations locales face aux tensions sociales et à la crise énergétique qui touche la région.
Dialogues avec les forces vives
Le président a également multiplié les échanges avec les autorités locales, les opérateurs économiques et les représentants de la société civile. Une démarche saluée par le gouverneur Kyabula, qui voit dans cette approche un signe d’écoute. Mais aussi une manière pour le président de soigner ses liens avec une province qui, bien que gouvernée par un allié, reste convoitée par d’autres forces politiques.
Une stratégie de terrain pour un second mandat
À quelques mois de la rentrée parlementaire et dans un contexte de recomposition institutionnelle, cette visite s’inscrit dans une logique de visibilité et de consolidation politique. Le Haut-Katanga, pilier de l’économie nationale grâce à ses ressources minières, est aussi un baromètre de la popularité présidentielle. Félix Tshisekedi en est conscient. Et c’est aussi pourquoi il a évoqué les grands projets d’intégration régionale — corridor de Lobito, port de Banana — comme leviers de souveraineté économique.