Lubumbashi : Patrick Muyaya sonne l’alarme sur l’Est et rassure sur la vision de développement de Tshisekedi
De notre correspondant à Lubumbashi – En déplacement dans le Haut-Katanga, le ministre congolais de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, a animé un briefing de presse samedi 19 avril à Lubumbashi, dans la foulée du séjour du président Félix Tshisekedi. Face à un public attentif et des journalistes en quête de clarté, le porte-parole du gouvernement a défendu les avancées de l’exécutif tout en dressant un tableau lucide des défis sécuritaires à l’Est du pays.
Entre projets structurants et front sécuritaire
Sous les projecteurs d’une salle comble, Patrick Muyaya a livré une restitution détaillée du périple présidentiel dans le Haut-Katanga. Point d’orgue : la pose symbolique de la première pierre du futur aéroport international de Luano, infrastructure stratégique censée repositionner la province comme un hub logistique majeur dans l’espace SADC. À ses côtés, deux autres intervenants – dont l’identité n’a pas été précisée – ont enrichi le débat, balayant des sujets allant de la gouvernance locale à la santé publique.
« L’aéroport de Luano, c’est plus qu’un chantier. C’est un signal fort sur la volonté du président Tshisekedi d’investir dans les infrastructures de long terme », a insisté Muyaya. D’autres initiatives, notamment en matière de partenariats public-privé et d’équipements sanitaires, ont également été évoquées.
Unité nationale face à l’insécurité
Mais l’heure était aussi à la gravité. Comme à son habitude, le ministre n’a pas esquivé le dossier brûlant de l’Est, où les groupes armés, au premier rang desquels le M23, continuent de semer la terreur. « Le pays est en guerre. Nous devons, ensemble, faire bloc face à l’agression », a martelé Patrick Muyaya, dénonçant une fois de plus l’implication présumée du Rwanda, sans détour.
L’appel à l’unité nationale, leitmotiv de ses précédents briefings, a trouvé un écho particulier dans le contexte actuel. « Il n’y a pas d’avenir sans paix. Et il n’y aura pas de paix sans cohésion nationale », a-t-il lancé.
Décentralisation et prudence politique
Le ministre a également rappelé l’importance de la gouvernance locale dans le déploiement du programme présidentiel « 145 territoires », porté par la Première ministre Judith Suminwa. Ce plan vise à doter les zones rurales d’infrastructures essentielles, dans une logique d’équité territoriale.
Interrogé sur les déplacements récents de l’ex-président Joseph Kabila dans le Haut-Katanga, Muyaya a opté pour la retenue, refusant d’alimenter la polémique. Une prudence calculée dans une région où l’ancien chef de l’État conserve une influence non négligeable.
Communication de proximité
Avec ce briefing, Patrick Muyaya poursuit son entreprise de modernisation de la communication gouvernementale. Depuis 2021, il a institutionnalisé ces rendez-vous réguliers avec la presse, souvent retransmis en direct sur la RTNC, qu’il présente comme un « exercice de redevabilité ». Une stratégie de proximité qui, dans un contexte de méfiance généralisée envers les institutions, contribue à rapprocher le gouvernement de ses citoyens.
Enjeux de souveraineté
Fidèle à sa ligne, le ministre n’a pas manqué de rappeler les fondements de la politique étrangère congolaise actuelle : la fermeté face à toute tentative de déstabilisation. Il y a encore quelques mois, lors d’un entretien avec France 24, il n’hésitait pas à pointer du doigt Paul Kagame, accusé d’entretenir l’insécurité dans l’Est. À Lubumbashi, il a réitéré cette posture, appelant les Congolais à se mobiliser derrière les Forces armées.
Cap sur l’avenir
Entre annonces économiques et alertes sécuritaires, ce briefing a permis à Patrick Muyaya de dresser un bilan sans fard, mais porteur d’ambitions. Dans une RDC en quête de stabilité, ces rendez-vous réguliers permettent à l’exécutif de garder le lien avec une opinion publique exigeante, à l’écoute des promesses mais surtout en attente de résultats.
La Rédaction