La cour d’appel de Bruxelles a rendu un jugement historique en reconnaissant l’État belge coupable de crime contre l’humanité. L’affaire, portée par cinq femmes métisses enlevées à leur famille sous le régime colonial au Congo belge, marque une avancée majeure dans la reconnaissance des injustices liées à la colonisation.
Selon l’arrêt, ces femmes, alors enfants, avaient été enlevées à leurs mères avant l’âge de sept ans. La cour a confirmé que ces actes faisaient partie d’un « plan systématique d’enlèvement des enfants métis », basé uniquement sur leurs origines, une pratique qualifiée de « persécution et d’acte inhumain constitutif d’un crime contre l’humanité » au regard du droit international.
En conséquence, la cour a condamné l’État belge à verser une indemnisation de 50.000 euros à chacune des plaignantes pour le préjudice moral subi, notamment la perte de leurs liens familiaux, de leur identité et de leur environnement d’origine.
Des victimes entendues après des décennies de silence
Pour Simone Ngalula, Léa Tavares Mujinga, Monique Bitu Bingi, Noelle Verbeeken et Marie-José Loshi, ce jugement met fin à un long combat.
Ces femmes racontent une enfance marquée par la séparation brutale de leurs familles, des changements d’identité forcés et, pour certaines, des conditions de vie difficiles dans des institutions religieuses.
En 2019, l’ancien Premier ministre Charles Michel avait présenté des excuses officielles au nom de l’État belge pour les injustices subies par les enfants métis issus de la colonisation. Mais ce n’est qu’en appel, après un premier rejet en 2021, que la justice a finalement reconnu ces faits comme un crime contre l’humanité.
L’avocate des plaignantes Michèle Hirsch cité par un média belge, a salué cette décision. « C’est un jugement historique, non seulement pour la Belgique, mais aussi pour l’Europe», a-t-il réagi.
Des associations comme African Futures Lab et Amnesty International ont également salué ce jugement comme un modèle de courage judiciaire.