RDC: Félix Tshisekedi accorde une grâce présidentielle à Jean-Marc Kabund

Ce vendredi 21 février 2025, une nouvelle dynamique s’amorce sur l’échiquier politique congolais avec la libération de Jean-Marc Kabund, figure de l’opposition et ancien proche du président Félix Tshisekedi. Après plus de deux ans d’incarcération à la prison centrale de Makala, cette sortie intervient dans un climat politique toujours sous tension en RDC.

Une détention controversée

Arrêté le 9 août 2022, Jean-Marc Kabund, ex-président intérimaire de l’UDPS et ancien premier vice-président de l’Assemblée nationale, avait vu sa chute précipitée par des déclarations incendiaires tenues lors d’une conférence de presse le 18 juillet 2022. Ce jour-là, en annonçant la création de son parti, l’Alliance pour le Changement (A-Ch), il avait dénoncé la gestion du président Félix Tshisekedi, qu’il avait qualifié de « danger au sommet de l’État ».

Ses propos lui avaient valu plusieurs chefs d’accusation, dont « outrage au chef de l’État », « propagation de faux bruits » et « offense aux institutions de la République.»

Le 13 septembre 2023, la Cour de cassation l’avait condamné à sept ans de prison, une peine qualifiée de « sévère » par son avocate, Me Kaddy Ditou, et perçue comme une manœuvre politique par ses partisans. Cette décision était intervenue en pleine période préélectorale, à quelques mois des élections générales de décembre 2023, pour lesquelles Kabund nourrissait des ambitions présidentielles.

Des manifestations sporadiques de ses sympathisants avaient éclaté, notamment en août 2024, dénonçant une instrumentalisation de la justice. Des organisations de défense des droits humains avaient également pointé du doigt un rétrécissement de l’espace démocratique en RDC.

Une grâce présidentielle inattendue

Sa libération ce 21 février 2025 résulte d’une grâce présidentielle accordée par le Chef de l’état Félix Tshisekedi, incluant d’autres prisonniers. Selon plusieurs sources, Jean-Marc Kabund a quitté la prison de Makala en début de soirée pour regagner son domicile.

Cette mesure intervient après une réduction de peine de cinq ans, décidée fin 2024 dans le cadre d’une grâce collective, ramenant sa condamnation à deux ans, une durée qu’il venait d’achever.

Si les autorités congolaises n’ont pas encore officiellement commenté cette libération, elle est déjà perçue comme un geste d’apaisement du président Félix Tshisekedi, dans un contexte où la contestation politique demeure forte. Certains analystes y voient aussi une stratégie tactique, visant à désamorcer les critiques sur la gestion des opposants, alors que des figures comme Martin Fayulu continuent de dénoncer un pouvoir autoritaire.

L’Alliance pour le Changement, qui avait fait de la libération de son leader une priorité, devrait prochainement réagir. Le Secrétaire général du parti de Kabund, avait en septembre 2024 posé cette exigence comme condition à toute participation à un dialogue national.

Quel avenir politique pour Kabund ?

Cette libération marque-t-elle un retour en force de Jean-Marc Kabund sur la scène politique ?

Malgré son exclusion de l’UDPS en 2022, il reste une figure influente, notamment grâce à son rôle clé dans la consolidation de l’Union sacrée et son discours sans concession contre le pouvoir. À 46 ans, il pourrait chercher à remobiliser ses partisans en vue des échéances politiques à venir.

Cependant, son avenir dépendra de nombreux facteurs : sa capacité à rallier l’opposition, l’évolution du climat politique en RDC et les réactions du régime face à son retour.

Si cette libération constitue un tournant, reste à voir si Kabund saura en faire un levier politique ou si elle ne sera qu’une parenthèse dans un parcours déjà mouvementé.

La Rédaction

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